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Le Choc du Futur (La Revue de la ceramique, 1996)

Verre et ceramique a Saint-Petersbourg en fevrier 1995 est une suite d'instantanes qui defilent selon un parcours initie tout d'abord par le ceramiste et dissident, Yurij Petroschenkov. De brefs retours en arriere, quelques visites en sa compagnie vont nous permettre d'apprehender la situation actuelle. [...]


Yurij Petroschenkov

Yurij Petroschenkov est un de ces artistes qui ont eu le courage de vivre en marge du pouvoir pendant la periode sovietique. Lui, qu'on imagine facilement dans le role d'Ivan le Terrible, peint des oeufs en porcelaine qui mesurent parfois moins de deux centimetres. Un travail d'une minutie extraordinaire pour lequel il est reconnu dans le monde entier. Il parle du passe recent et de la premiere exposition des artistes dissidents en 1974 a laquelle il a participe.

"Pendant la periode sovietique les moyens de reproduction (imprimerie, lithographie) etaient sous le controle de l'Etat, gardes par les militaires. Les seuls fours ceramiques existants appartenaient tous au combinat (usine) de l'Union des Artistes. Donc pour cuire il fallait etre membre et pour etre membre il fallait signer de son sang un contrat avec le diable: dans le reglement de l'Association il etait inscrit que l'artiste devait etre une arme du Parti Communiste."

Quand Giscard d'Estaing est venu a Saint-Petersbourg, nous avons demande l'autorisation de faire une exposition libre. La ville nous a prete le Palais Gaza situe dans la zone industrielle, a 10 km du centre. Pendant les quatre jours autorises, la queue des visiteurs s'est etalee sans discontinuer sur plus d'un kilometre le long de la Neva. Cette exposition fut tres importante. Elle a cree un choc dans la population qui decouvrait un autre art, avec un autre contenu que celui qu'elle avait toujours connu. Ce fut un acte politique, alors qu'en realite nous ne cherchions a obtenir que la liberte d'expression artistique.

"A Leningrad, le premier journaliste etranger n'a ete autorise a venir qu'en 1982. La moitie des artistes qui exposerent a Gaza ont emigre. Il faut comprendre que les ceramistes dissidents n'ont jamais pu produire que des pieces de petite taille puisqu'il n'avaient pas acces aux fours. Pour gagner ma vie je faisais du dessin industriel. C'est grace a cela que j'ai obtenu l'atelier dans lequel je peux aujourd'hui cuire et decorer les oeufs en porcelaine."

Nicolas Sersiron

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